
Faire ses courses sans plastique : tutoriel pratique
Pourquoi viser le zéro plastique en faisant ses courses ?
Vous l’avez sans doute remarqué : faire ses courses sans générer une montagne de plastique relève aujourd’hui du parcours du combattant. Pour un kilo de tomates, on se retrouve avec trois feuilles d’emballage, un filet en plastique et un autocollant. Or, ce plastique n’est pas juste superflu — il est aussi, dans la majorité des cas, à usage unique, non recyclable localement, et destiné à finir enfoui ou incinéré.
Alors pourquoi s’y attaquer ? Parce que le plastique pose trois problèmes majeurs : pollution des océans, émission de gaz à effet de serre lors de sa fabrication, et risque sanitaire potentiel lié aux microplastiques dans notre alimentation. La bonne nouvelle, c’est que réduire sa dépendance au plastique est aujourd’hui plus facile qu’il n’y paraît, pourvu qu’on adopte une stratégie pratique, étape par étape.
Commencer par un diagnostic simple
Avant de vouloir tout révolutionner, observez vos habitudes d’achat. Conservez les emballages plastiques issus d’une semaine de courses et triez-les : quels sont les plus récurrents ? Fruits et légumes ? Fromage ? Produits secs ?
Une fois ces points clairs, vous saurez où concentrer vos efforts en priorité. Dans 90 % des cas, les mêmes familles d’aliments posent problème. Inutile donc de s’attaquer à tout à la fois. Commencez par ce qui génère le plus de déchet.
Équipement minimal pour un maximum de résultats
Faire ses courses sans plastique ne suppose pas de vider son compte en banque en gadgets écolos. Voici ce qu’il vous faut, en pratique :
- Des sacs à vrac en tissu pour fruits, légumes, légumineuses et céréales.
- Quelques bocaux en verre ou récipients hermétiques (type Tupperware ou inox) pour les achats en vrac ou à la coupe.
- Un sac de courses robuste et réutilisable, idéalement compartimenté.
- Des filets lavables pour le pain et les viennoiseries.
Ces outils vous servent à remplacer les emballages jetables directement en magasin. Mieux : de plus en plus de boutiques acceptent qu’on tende son propre contenant à la caisse — même les grandes surfaces s’y mettent.
Choisir les bons lieux d’achat
Plus que le « comment », c’est souvent le « où » qui fait la différence. Voici les circuits courts et points de vente les plus efficaces pour limiter le plastique :
- Marchés de producteurs : vous y trouverez des fruits et légumes locaux, sans packaging, et pourrez demander de supprimer tout emballage.
- Magasins zéro déchet et épiceries en vrac : céréales, légumineuses, épices, huiles, vinaigres — tout peut y être acheté directement dans votre propre contenant.
- AMAP et paniers bio : vous récupérez des produits de saison sans surcharge packaging.
- Fromagers, bouchers, poissonniers indépendants : avec un sourire et un contenant propre, il est rare qu’ils refusent de jouer le jeu.
Et si votre seule option reste le supermarché ? Visez les produits sans double emballage, achetez au poids (pas en barquette) et refusez les sachets plastiques même gratuits. Beaucoup de caissiers vous en seront reconnaissants.
Gérer les exceptions et imprévus
Personne n’est parfait, pas même un militant zéro déchet amateur de houmous. Il arrivera que vous oubliiez vos sacs, ou que le fromage à la coupe vous soit tendu dans un vilain film plastique.
Dans ces cas-là, deux choses à garder en tête :
- Ne culpabilisez pas. L’objectif est la réduction, pas l’obsession.
- Analysez pourquoi l’oubli a eu lieu. Trop pressé ? Mauvaise organisation ? Une petite ajustement logistique (par exemple toujours garder un sac de secours dans la voiture ou le sac à dos) règle souvent le problème durablement.
À long terme, votre objectif est de ne plus « subir » le plastique, mais d’en reprendre le contrôle en choisissant quand (et si) vous l’acceptez.
Stockage à la maison sans plastique
Supprimer le plastique de vos courses est une chose, encore faut-il éviter de le réintroduire ensuite dans votre cuisine. Voici quelques alternatives éprouvées aux solutions jetables :
- Conservation au frigo : privilégiez les bocaux, contenants en verre ou boîtes inox avec couvercle. Un simple bol retourné sur une assiette fonctionne aussi.
- Congélation : optez pour des sacs en tissu doublés, des boîtes rigides ou même… des pots de confiture recyclés (oui, ça marche).
- Emballages réutilisables : les bee wraps (tissus enduits de cire) ou leur version vegan à base d’huile végétale remplacent avantageusement le film plastique pour couvrir un plat.
Petit bonus : ces alternatives durent parfois des années — évitez donc réseau de dépenses et de gaspillage.
Quelques astuces bonus pour performer dans la durée
- Préparez vos listes de courses en pensant déjà au vrac. Si vous l’écrivez comme « riz », vous opterez par défaut pour un sac plastique. Écrivez plutôt : « riz complet — vrac ».
- Accordez-vous une marge de manœuvre. L’idée n’est pas d’atteindre 0% de plastique du jour au lendemain, mais de tendre vers 80 % d’achats sans plastique en visant les domaines les plus faciles.
- Restez motivé en observant vos déchets. Une photo de votre poubelle avant/après 1 mois de courses différemment orientées est souvent plus parlante que tous les discours.
À titre personnel, ma propre réduction de plastique est passée par une frustration récurrente face aux emballages inutiles de fruits biologiques. Résultat : retour au marché chaque samedi matin, où j’achète désormais tous mes légumes en vrac… et souvent pour moins cher.
Quand les efforts paient : indicateurs mesurables
Le principal reproche adressé aux comportements écoresponsables, c’est leur manque d’impact visible. Alors rendons l’impact mesurable :
- Comptez les contenants évités chaque semaine et multipliez depuis votre date de départ.
- Pesez vos déchets (ou votre bac jaune) une fois par mois pour constater la réduction.
- Calculez votre budget « emballage évité » : bien souvent, le vrac est aussi plus économique.
Ces chiffres concrets permettent non seulement de garder la motivation, mais aussi de convaincre votre entourage que vous n’êtes pas juste « le relou du plastique », mais un acteur organisé du changement.
À retenir (et transmettre)
Faire ses courses sans plastique, ce n’est pas une question de perfection, mais de méthode, de résilience… et de curiosité. En testant, en dialoguant avec vos commerçants, et en adaptant vos outils à vos besoins réels, vous réduirez efficacement votre dépendance aux emballages jetables.
Et vous constaterez peu à peu que ce mode d’approvisionnement, au-delà de l’impact environnemental, permet de renouer avec une relation plus saine à la nourriture : celle du choix, du temps consacré, de la proximité avec les producteurs. Un retour au bon sens, en somme. Sans plastique, donc, mais pas sans saveur.