
Comment réduire son empreinte carbone en cuisinant à la maison
Comprendre l’impact carbone de nos repas
Avant de changer quoi que ce soit en cuisine, il est essentiel de comprendre d’où vient l’empreinte carbone de notre alimentation. Selon l’ADEME, l’alimentation représente environ 25 % de l’empreinte carbone d’un Français. Une bonne partie de cette émission provient de la production agricole (notamment l’élevage), du transport, de la transformation industrielle… mais aussi de ce qui se passe dans nos propres cuisines.
La bonne nouvelle ? En cuisinant à la maison, on garde un certain contrôle. Moins d’emballages, moins de gaspillage, et une sélection plus consciente des ingrédients. Mais attention : mal informés, nous pouvons aussi cuisiner « sale » sans le savoir (trop d’eau, trop d’énergie, mauvais choix de produits).
Voyons comment maximiser l’impact positif de nos fourneaux, tout en gardant le plaisir de bien manger.
Choisir des ingrédients bas carbone
Premier levier – et pas des moindres : les ingrédients. C’est ici que la différence est la plus marquée d’un point de vue carbone. Un kilo de bœuf produit environ 27 kg de CO₂, quand les lentilles tournent autour de 1 kg. Autrement dit, votre assiette influence directement votre empreinte.
Quelques repères simples :
- Prioriser les protéines végétales : lentilles, pois chiches, haricots rouges, tempeh, tofu… Ce sont des champions du ratio nutrition/empreinte carbone.
- Limiter les produits d’origine animale : notamment les viandes rouges et les produits laitiers. Une omelette de temps en temps, pourquoi pas, mais pas tous les soirs.
- Saison et origine : une tomate bio importée d’Espagne en février peut peser plus lourd (en CO₂) qu’une tomate non bio mais locale en juillet. On évite donc les produits qui nécessitent du chauffage sous serre ou du transport aérien.
Une question utile à se poser quand on fait ses courses : est-ce que cet aliment a voyagé plus que moi cette année ? Si oui, on peut probablement trouver une alternative plus « bas carbone ».
Réduire le gaspillage alimentaire
Gaspiller de la nourriture, c’est aussi gaspiller toute l’énergie qu’il a fallu pour la produire : eau pour l’irrigation, carburant pour le transport, énergie de cuisson… Rien qu’en France, on jette encore en moyenne 30 kg d’aliments par an et par personne (source : Ademe).
Voici ce que vous pouvez faire en cuisine pour réduire cet impact :
- Faire l’inventaire avant les courses pour éviter les doublons et achats inutiles.
- Maîtriser les portions : apprenez à cuisiner juste ce qu’il faut ou à décliner les restes intelligemment (cf. lasagnes de restes, soupes-repurposées, etc.).
- Conserver efficacement : utilisez vos bocaux, glissez les herbes dans un verre d’eau, activez les zones froides de votre réfrigérateur.
- Cuisiner les parties oubliées : les fanes de carottes pour un pesto, l’aquafaba pour monter des mousses au chocolat sans œufs, le pain rassis pour en faire de la chapelure maison.
Chaque aliment sauvé = moins de déchets, moins de production inutile… et plus d’économies à la clef. Double victoire.
Optimiser la cuisson pour consommer moins d’énergie
Une autre zone souvent sous-estimée : la cuisson. Une mauvaise utilisation des plaques de cuisson ou du four peut entraîner une surconsommation électrique significative. Voici des ajustements simples mais efficaces :
- Couvrir les casseroles : vous économisez jusqu’à 30 % d’énergie lors de l’ébullition.
- Réduire la température du four de 10°C dès que possible ou éteindre 5-10 minutes avant la fin de la cuisson pour profiter de l’inertie thermique.
- Cuisson groupée : tant qu’à allumer le four, cuisez plusieurs plats à la suite. Une quiche + un pain maison + des légumes rôtis = un seul allumage, trois usages.
- Utiliser le micro-ondes pour réchauffer, pas le four classique. Moins glamour, mais bien plus efficace en énergie.
- Préférer les appareils sobres : cocotte-minute, autocuiseur, ou encore marmite norvégienne (ou une simple couverture pour finir une cuisson douce).
Plus vous optimisez vos cuissons, plus vous gagnez sur deux plans : votre facture énergétique et votre empreinte carbone.
Adopter le batch cooking version durable
Le batch cooking (ou « cuisine en lot ») est un allié puissant contre le gaspillage, la surconsommation d’énergie et le stress en semaine. Il s’agit de cuisiner, en une session, plusieurs repas pour les jours suivants. L’astuce, c’est de le faire sans tomber dans le piège des barquettes individuelles en plastique ou de plats qui s’encombrent de produits transformés.
Comment faire de ce concept un levier de cuisine durable :
- Choisissez des recettes simples et polyvalentes (base de céréales + légumes + sauce = déclinaisons multiples).
- Regroupez les cuissons : une session de 2 heures = four, plaques et mixeur à plein régime, mais pour 5 à 6 repas.
- Utilisez des contenants réutilisables : bocaux en verre, boîtes inox, anciens pots de confiture…
- Incluez des plats réfrigérés/à froid pour ne pas créer un monopole de cuisson.
En pratique : une session de batch cooking dominicale peut faire gagner 2 à 3 heures en semaine et éviter les livraisons à forte empreinte (Uber Eats + burger = 3,5 à 4 kg CO₂ équivalent…).
Utiliser des ustensiles plus responsables
Tout ne se joue pas uniquement dans les ingrédients. Les outils comptent aussi. Sans virer dans le consumérisme vert, investir dans de meilleurs ustensiles peut faire une différence tangible à long terme.
Ce que je recommande :
- Privilégiez le durable plutôt que le jetable : torchons en tissu au lieu de sopalin, films alimentaires en cire d’abeille plutôt que film plastique.
- Un bon couteau bien affûté évite le besoin de gadgets robotsélectroménagers énergivores.
- Préférez les matériaux neutres : inox, verre, fonte. Ils durent longtemps, ne relarguent rien et se recyclent bien.
Il ne s’agit pas de se lancer dans un grand remplacement de toute sa cuisine… mais de faire des choix durables dès qu’un ustensile doit être remplacé.
Faire la chasse aux emballages
Une cuisine bas carbone, c’est aussi une cuisine avec moins de plastique et de déchets à chaque étape. Les emballages, notamment en plastique à usage unique, ont une empreinte non négligeable, surtout quand ils sont liés à des produits transformés.
Voici quelques habitudes simples à adopter :
- Achetez en vrac vos légumineuses, céréales, noix… Le vrac permet en plus d’acheter juste la quantité nécessaire.
- Apportez vos contenants au marché, chez le fromager ou au traiteur.
- Préparez maison ce que vous achetiez en barquettes (houmous, granola, sauces, compotes…).
Petit rappel utile : même recyclé, un emballage reste une perte de ressources. L’idéal est d’éviter qu’il ne soit produit.
Mieux gérer l’eau en cuisine
Certes, l’eau potable n’émet pas directement du carbone, mais son traitement, son transport et surtout son chauffage ont une empreinte énergétique. L’eau bouillante pour les pâtes ou les vaisselles interminables sous le robinet chaud pèsent dans le bilan global.
Des gestes concrets :
- Utiliser juste la quantité d’eau nécessaire à la cuisson (pensez à la cuisson sans égouttage pour les pâtes ou le riz).
- Recycler l’eau de cuisson pour arroser les plantes ou enrichir un bouillon maison.
- Faire tremper la vaisselle sale immédiatement au lieu d’utiliser de l’eau chaude en continu.
Moins d’eau chauffée = moins d’énergie consommée = moins de CO₂. CQFD.
Et si on allait plus loin ?
Pour ceux qui veulent pousser plus loin l’engagement, plusieurs pistes sont possibles:
- Composter ses déchets organiques : à la maison ou via les points de collecte municipaux. En évitant l’enfouissement ou l’incinération, on limite les émissions de méthane et on régénère les sols.
- Cultiver quelques légumes ou aromates chez soi : rien de tel qu’un basilic maison pour réduire l’empreinte carbone… et gagner en goût !
- Participer à une AMAP ou acheter en circuit court : moins de transports, plus de transparence, un meilleur lien avec la production locale.
Cuisiner de manière écoresponsable n’est pas une contrainte. C’est un levier. Un moyen concret de réduire son empreinte carbone, d’alléger ses dépenses, et de reprendre la main sur ce qu’on met (vraiment) dans son assiette. Et si on faisait une différence, un plat à la fois ?