
Composter ses déchets organiques en appartement
Pourquoi composter en appartement est une vraie bonne idée
Chaque année, un Français jette en moyenne 83 kg de déchets organiques à la poubelle. Résultat ? Ces déchets, encore pleins de ressources, finissent incinérés ou enfouis. Un non-sens écologique quand on sait qu’ils pourraient être compostés… même sans jardin. Oui, composter chez soi, en appartement, c’est non seulement faisable, mais aussi utile et économique.
Dans cet article, je vais vous montrer comment intégrer facilement le compostage à votre quotidien urbain, avec des méthodes testées, des astuces concrètes, et sans transformer votre cuisine en champ de bataille odorant.
Ce qu’on appelle « déchets organiques »
Avant de parler composteurs et lombrics, mettons-nous d’accord sur ce qu’on peut composter. Il s’agit de tous les résidus d’origine végétale ou animale qui peuvent naturellement se décomposer :
- Épluchures de légumes, fruits abîmés
- Marc de café et sachets de thé (non plastifiés)
- Coquilles d’œufs écrasées
- Pain dur, restes de céréales sans lait
- Essuie-tout usagés non gras ou souillés par produits chimiques
En revanche, les produits carnés, les produits laitiers, et les sauces grasses sont déconseillés dans les systèmes de compostage en intérieur : ils attirent les nuisibles et dégagent des odeurs.
Les trois grandes options pour composter en appartement
Il existe aujourd’hui plusieurs solutions adaptées aux espaces réduits. Chacune a ses spécificités, ses avantages, et ses contraintes. Voici un comparatif clair pour vous aider à choisir celle qui vous conviendra le mieux :
1. Le lombricomposteur (ou vermicomposteur)
Le lombricompostage repose sur le travail de vers (Eisenia foetida, pour les puristes). Ils digèrent vos déchets et produisent deux ressources précieuses : un compost solide et un « thé de compost », liquide riche en nutriments.
👉 Ce que j’aime : Silencieux, peu odorant si bien géré, très peu d’entretien. Idéal pour 1 à 4 personnes. Il peut tenir dans une cuisine, sur un balcon couvert ou même sous l’évier.
💡 Conseil de terrain : Buvez un café par jour ? Vos vers en raffolent (marc de café uniquement). Mais attention à ne pas en mettre trop d’un coup : ils aiment le changement dans leur menu.
2. Le bokashi
Originaire du Japon, ce système repose sur la fermentation des déchets via des micro-organismes (EM – Micro-organismes Efficaces). Il fonctionne en milieu fermé et ne requiert pas d’oxygène, contrairement aux autres techniques.
👉 Ce que j’aime : Très compact et sans odeurs si bien fermé. Il accepte les restes cuits, les produits carnés et les agrumes. En 2-3 semaines, vos déchets fermentés peuvent aller au compost municipal ou être enfouis dans le sol si vous avez un accès.
💡 À savoir : Le bokashi ne produit pas du compost à proprement parler, mais une matière pré-fermentée. Vous devez compléter le processus ailleurs.
3. Le composteur d’intérieur électrique
C’est la solution technologique de la liste : une machine qui chauffe, broie et déshydrate les déchets pour en faire une poudre organique. Moins naturelle, mais rapide (quelques heures seulement). Certains modèles filtrent les odeurs via charbon actif.
👉 Ce que j’aime : Aucun insecte, aucune odeur, facile à utiliser. Gain de temps et hygiène assurée.
⚠️ Attention : Énergivore et coûteux à l’achat (entre 300 et 500 €). Et techniquement, on n’est plus dans du compost, mais dans un amendement organique. Ce n’est pas vivant, mais valorisable.
Ma méthode éprouvée pour démarrer sans galère
Après avoir testé les trois systèmes dans mon propre appartement (65 m² sans balcon), j’ai trouvé un bon équilibre avec le lombricomposteur. Voici ma méthode, testée et approuvée :
- Choix du bac : J’ai pris un modèle à trois étages (type city-worms), robuste et made in France.
- Installation discrète : Placé sous l’évier, avec une coupelle en-dessous pour éviter toute fuite.
- Approvisionnement des vers : Achat en association de quartier, 20 € pour une souche de 500 grammes. Suffisant pour commencer.
- Période d’adaptation : J’ai commencé doucement (100 g de déchets par jour), en ajoutant du carton brun déchiré pour équilibrer l’humidité.
Résultat : au bout d’un mois, les vers étaient en pleine forme, j’avais une matière noire et odorante comme un sous-bois en automne. Aucun insecte, aucune odeur négative. Bonus : mes plantes vertes me disent merci.
Et les odeurs, on en parle ?
C’est LA première crainte des citadins : “Et si ça pue ?” La réponse est simple : un compost bien équilibré ne sent pas mauvais.
Quelques règles simples pour y parvenir :
- Évitez les déchets trop humides en trop grande quantité (pastèques, salades flétries…)
- Compensez toujours avec du « brun » : carton, papier kraft, sciure non traitée
- Mélangez les apports et aérez le contenu si nécessaire (sauf bokashi)
S’il y a une odeur désagréable, c’est un déséquilibre. Souvent trop d’azote (déchets frais), pas assez de carbone (matière sèche). Corriger ça prend littéralement 2 minutes.
Que faire du compost produit ?
Très bonne question. Quand on n’a ni jardin ni potager, que faire du compost obtenu ? Voici plusieurs options concrètes :
- Vos plantes en pot : Le compost est un excellent terreau maison : mélangez-le à 1/3 avec de la terre classique.
- Jardins partagés : Beaucoup acceptent les dons de compost. Renseignez-vous auprès des associations locales.
- Composteurs de quartier : De plus en plus de villes installent des composteurs collectifs (voir sur Les Activateurs ou via votre mairie).
- Offrir à vos voisins : Pratique si vous êtes en copropriété. J’ai demandé à un voisin jardinier s’il en voulait. Il est passé chercher ma boîte deux fois par mois, ravi.
Du compostage à un mode de vie plus sobre
Composter en appartement n’est pas juste une solution de gestion des déchets : c’est un déclencheur. Une fois que vous commencez à voir vos épluchures comme une ressource, le reste suit : vous refusez le plastique inutile, vous cuisinez davantage, vous réduisez naturellement vos emballages.
Et puis, surveiller la santé de votre colonie de vers, gratouiller un bac de matière vivante, et transformer vos restes en terre fertile… Il y a quelque chose de rassurant, d’ancré. Un bon rappel que même dans 45 m² au 3e étage, on peut rester acteur du vivant.
Alors, prêt à adopter cette nouvelle habitude durable ? Vous avez tout en main pour vous lancer dès demain — ou dès ce soir, avec votre premier seau d’épluchures.