
Cuisiner sans emballages jetables : organisation et solutions
Pourquoi bannir les emballages jetables en cuisine ?
Chaque repas préparé sans emballage jetable, c’est une poubelle qui ne déborde pas à la fin de la journée. Pourtant, même avec de bonnes intentions, il suffit de lever les yeux dans une cuisine standard pour y voir une avalanche de plastique : sachets sous vide, barquettes en polystyrène, sachets de congélation, papier sulfurisé… Ces déchets sont rarement recyclés, souvent incinérés, et toujours inutiles lorsqu’on s’organise bien.
En France, 81 % des déchets plastiques ménagers ne sont pas recyclés (source : ADEME). Cuisiner sans jetable, ce n’est pas revenir à la bougie, c’est juste revenir au bon sens. Moins de plastique, c’est aussi moins de perturbateurs endocriniens au contact de notre nourriture, un impact carbone réduit, et au passage, des économies non négligeables. L’objectif ? Mettre en place une organisation de cuisine fonctionnelle, propre et durable.
Évaluer où se cachent les emballages jetables dans votre cuisine
Avant de changer ses habitudes, il faut savoir d’où on part. Prenez 10 minutes pour observer votre cuisine après avoir cuisiné un repas complet. Combien d’éléments finissent à la poubelle ? Étirez l’exercice à la semaine : quels achats génèrent systématiquement des déchets à court terme ?
Les emballages jetables les plus courants apparaissent souvent ici :
- Sacs plastiques ou papier des courses (même bio… oui, eux aussi).
- Films plastiques, aluminium, voire papier cuisson à usage unique.
- Emballages d’aliments transformés ou portionnés (barquettes, sachets, opercules).
- Contenants de stockage jetables (boîtes à salade prêtes-à-emporter, bocaux de sauces, bouteilles d’huiles miniatures…)
Une fois cette cartographie faite, on peut enclencher des actions ciblées, zone par zone.
Anticiper pour mieux éliminer : le rôle clé de l’organisation
Vouloir manger maison, durable et sans jetable ne peut pas reposer uniquement sur la motivation. Il faut structurer son environnement et ses habitudes.
Voici une approche qui fonctionne :
1. Planifier ses repas
Planifier, c’est éviter les achats de dernière minute et donc les pièges d’emballages : livraison, surgelés en portion individuelle, plats sous film, etc. En connaissant ses menus à l’avance, on achète en vrac, on stocke de manière adaptée, et on réduit presque mécaniquement les déchets.
2. Pré-cuisiner en batch
Un batchcooking efficace permet de cuisiner plusieurs repas à la fois, tout en optimisant les quantités et les contenants. Fini les petits contenants froissés ou barquettes. Préparez du couscous pour trois repas dans un grand saladier hermétique en verre, et vous économisez cinq emballages jetables en une session.
3. Investir dans le bon matériel
Une cuisine sans emballage jetable repose sur un matériel durable et accessible :
- Des bocaux en verre de tailles variées, pour stocker, congeler, emmener.
- Des bee wraps ou couvercles en silicone pour couvrir sans film plastique.
- Des sacs en tissu type vrac, sacs à pain, sacs réutilisables pour le marché.
- Des plats en inox ou en grès avec couvercle pour le four et le frigo.
Nul besoin de tout acheter d’un coup : commencez par remplacer vos objets jetables au fur et à mesure par des équivalents réutilisables.
Des alternatives concrètes aux emballages jetables
Remplacer le film plastique
Plutôt que de couvrir votre salade avec du plastique, optez pour :
- Une assiette renversée sur un bol — basique mais efficace.
- Un couvercle silicone extensible (les « stretch lids »).
- Un bee wrap — un tissu enduit de cire d’abeille, réutilisable et lavable.
Conserver sans sac congélation
Les bocaux en verre (type Le Parfait), ou même d’anciens pots de confiture, vont parfaitement au congélateur (en laissant 2 cm d’espace pour éviter la casse). On peut aussi utiliser :
- Des sacs en silicone réutilisables que l’on clipse et rince facilement.
- Des boîtes inox avec joint étanche (souvent compatibles congélation et four).
Transporter ses repas sans boîte jetable
Au bureau ou en pique-nique, la boîte jetable semble pratique. Remplacez-la par :
- Un bento compartimenté en inox ou en verre, sans plastique ni BPA.
- Un furoshiki (tissu noué à la japonaise) autour d’un bol couvert pour un transport zéro déchet et esthétique.
Petite astuce perso : quand je sais que je vais ramener des restes d’un dîner chez un ami, je glisse un bocal dans mon sac. Ça change la donne.
Faire ses courses sans générer d’emballages
La moitié des emballages alimentaires se trouvent dans les rayons : à nous de les éviter. Les alternatives ?
- Marchés et épiceries vrac (avec sacs en tissu, bocaux, boîtes ramenées de chez soi).
- Boucherie/poissonnerie avec contenant personnel (conseil : annoncez-le d’entrée pour éviter les « réflexes film plastique »).
- Laiterie ou AMAP pour les produits frais consignés (yaourts, lait, boissons végétales).
N’oubliez pas la phrase magique : « Je peux vous le mettre dans mon contenant ? »
Et dans la pratique, est-ce vraiment tenable au quotidien ?
Cuisiner sans jetable peut sembler fastidieux au début. Mais comme une recette qu’on maîtrise avec le temps, cela devient fluide avec la pratique. Le plus difficile n’est pas la logistique, mais le changement d’automatismes. Et surtout : chaque effort évite automatiquement un déchet.
Par exemple :
- Un plat de lasagnes dans un plat inox plutôt que dans une barquette sous vide = 2 emballages évités.
- Un vrac de riz au poids = un sachet plastique de supermarché évité.
- Un bee wrap utilisé 150 fois = 150 mètres carrés de film plastique en moins dans l’environnement.
Autre bénéfice souvent oublié : le goût. Des produits frais, non transformés, non chargés en additifs et exhausteurs, ça change un plat. Votre palais (re)découvre les saveurs simples.
Et si on n’a pas accès au vrac ou à une épicerie sans emballage ?
Il n’est pas nécessaire d’être parfait. Si vous habitez en zone semi-rurale ou sans vrac, visez l’optimisation :
- Achetez en plus gros formats, et mutualisez les achats entre voisins ou amis.
- Favorisez les marqueurs sans plastique : bocaux en verre, cartons recyclables.
- Privilégiez les achats alternatifs (groupements d’achats, AMAP, producteurs locaux).
Ce n’est pas tout de supprimer les déchets visibles. Penser “amont” (emballage généré avant d’arriver chez vous) est tout aussi important. L’achat local, en vrac ou fait maison limite ces externalités.
Derniers conseils pour garder le cap sans frustration
- Acceptez de progresser étape par étape. Remplacer un usage jetable par mois, c’est déjà 12 gestes durables par an.
- Partagez vos astuces autour de vous : le collectif aide à garder la motivation.
- Pensez « système » : une bonne organisation de cuisine permet une écologie fluide, pas un fardeau supplémentaire.
Cuisiner sans produire de déchet, c’est rien d’autre que revenir à une logique de bon sens. Une cuisine propre, respectueuse et cohérente avec les valeurs que l’on veut porter. Alors on commence par quoi, ce week-end ?