Comment réussir une compote de feijoa maison
Pourquoi la compote de feijoa mérite votre attention
Le feijoa — aussi appelé goyave ananas — est un fruit encore peu connu en France, mais qui mérite amplement sa place dans une cuisine éco-responsable. Riche en antioxydants, en fibres et légèrement acidulé, il pousse principalement dans des zones tempérées sans nécessiter d’apports hydriques excessifs ni de traitements phytosanitaires lourds. Autrement dit, il coche plusieurs cases d’un fruit durable à faible empreinte environnementale, quand il est produit localement ou bien récolté à petite échelle.
Si vous avez la chance d’en trouver — chez un producteur bio du Sud-Ouest ou même dans certains jardins familiaux — ne les laissez pas se perdre. Une compote maison est l’une des manières les plus simples de les valoriser. Pas besoin de sucre raffiné, ni de conservateurs. Juste un peu de méthode, quelques ajustements selon la maturité du fruit, et vous obtenez une préparation saine, savoureuse, stockable — et zéro gaspillage.
Petit rappel : qu’est-ce que le feijoa ?
Originaire d’Amérique du Sud, le feijoa (Acca sellowiana) ressemble à un petit kiwi ovale à peau verte et épaisse, non comestible telle quelle. Sa chair, translucide et granuleuse, offre une saveur unique entre l’ananas, la fraise et le citron. Il arrive à maturité en automne et tombe naturellement au sol, ce qui en fait un candidat parfait pour une récolte tardive sans outils complexes, ni besoin de réfrigération immédiate.
Sur le plan nutritionnel, c’est une vraie pépite :
- Riche en vitamine C (environ 30 mg pour 100 g)
- Bonne source de potassium et de magnésium
- Très riche en fibres solubles, favorables au transit digestif
- Faible indice glycémique
Et cerise sur le gâteau (ou plutôt rondelle sur la compote) : c’est un fruit naturellement sucré et parfumé, ce qui limite le besoin d’ajouter un édulcorant.
Quels feijoas choisir pour une compote réussie ?
Comme toujours dans une démarche durable, le choix des ingrédients est capital. Pour le feijoa, il faut cibler une maturité précise. Trop jeune, le fruit est astringent et manquera de goût. Trop mûr, il peut fermenter rapidement et donner une saveur vinaigrée.
Astuce simple : choisissez uniquement ceux qui sont tombés naturellement de l’arbre. Ils continuent de mûrir doucement à température ambiante, mais doivent être cuisinés dans les trois jours maximum pour éviter la sur-fermentation.
Les signes qu’un feijoa est prêt à cuire :
- Sa peau commence à se ramollir légèrement sous la pression du doigt
- Il dégage un parfum intense de fruit mûr
- Sa chair est beige-crème, légèrement pâteuse au centre
Veillez aussi à trier ceux qui présentent des traces noires ou moisissures au niveau de l’extrémité florale : direction le compost si c’est trop avancé.
Ingrédients nécessaires (pour environ 500 g de compote)
- 600 à 700 g de feijoas mûrs
- 1 pomme bio (optionnelle mais utile pour la texture)
- 1/2 citron (jus uniquement)
- Quelques gouttes d’extrait de vanille ou un petit bâton de cannelle (facultatif)
- 100 ml d’eau filtrée
À noter : aucun sucre ajouté n’est nécessaire si vos fruits sont à bonne maturité. Si vraiment vous préférez une compote plus douce, une cuillère à café de sirop d’érable (issu de circuit court) suffira amplement.
Étapes de préparation détaillées
Voici une méthode testée, simple et sans gaspillage associé. La seule matière résiduelle sera la peau, compostable en 24 à 48h dans un composteur domestique ou lombricomposteur.
- Étape 1 : Laver, couper et vider les feijoas. Coupez chaque fruit en deux dans le sens de la longueur, puis retirez la chair avec une petite cuillère (le centre granuleux se détache facilement). Ne jetez pas les peaux trop vite si vous pratiquez la teinture textile naturelle — elles contiennent des tanins intéressants.
- Étape 2 : Éplucher et couper la pomme en petits morceaux. Elle va servir de liant naturel grâce à sa pectine.
- Étape 3 : Mettre tous les fruits dans une casserole avec l’eau et la vanille ou la cannelle. Cuire à feu doux pendant environ 20 à 25 minutes, en remuant régulièrement.
- Étape 4 : En fin de cuisson, ajouter le jus de citron. Cela stabilise la couleur, rehausse l’arôme et aide à une meilleure conservation.
- Étape 5 : Passer l’ensemble au mixeur plongeant (ou au moulin manuel pour ceux qui souhaitent une texture plus rustique). Ajuster la consistance avec un peu d’eau si nécessaire.
Et voilà. Vous avez une compote maison de feijoa, sans aucun additif ni emballage plastique superflu.
Conserver et utiliser sans gaspiller
En bocaux hermétiques stérilisés (10 min à l’eau bouillante), cette compote se conserve 3 semaines au réfrigérateur. Pour une conservation plus longue, remplissez les bocaux encore chauds, retournez-les jusqu’à refroidissement et placez-les à l’abri de la lumière.
Autres idées anti-gaspi :
- Utilisez-la en fond de tarte express avec une pâte brisée maison
- Incorporez une cuillère dans des yaourts nature ou un porridge
- Servez-la en condiment avec un fromage frais végétal type ricotta d’amande
- Transformez les restes en glace végétale express en la mélangeant avec une banane congelée
Même les très petits volumes peuvent être utilisés pour aromatiser une eau plate ou dans une vinaigrette sucrée-salée maison avec de l’huile d’olive et un soupçon de vinaigre balsamique.
Pourquoi cette recette est durable
En résumé, la compote de feijoa coche plusieurs cases d’une alimentation plus sobre :
- Fruits locaux et peu transformés : cultivé dans le sud de la France ou en éco-jardins urbains, le feijoa limite les émissions liées au transport.
- Zéro sucre raffiné : la puissance aromatique du fruit suffit, réduisant l’impact carbone du sucre industriel.
- Utilisation des fruits moches : les feijoas trop mûrs ou moches, boudés en rayon, deviennent des stars en cuisine.
- Pas d’emballage plastique : achetés en vrac ou cueillis soi-même, les fruits n’ont pas besoin d’emballage, contrairement aux desserts industriels.
Et cerise sur la compote : c’est une excellente activité familiale de saison. Cueillir, sentir, préparer à la main… Les enfants y trouvent une alternative ludique à la surconsommation, et les adultes y redécouvrent la satisfaction du fait-maison, sans sur-solliciter la planète.
Derniers conseils pour expérimenter
Si cette première recette vous plaît, sachez que le feijoa se prête aussi à d’autres usages culinaires écoresponsables :
- En chutney épicé : avec du vinaigre de cidre, du gingembre et des graines de moutarde
- En infusion : ses pelures séchées dans une eau chaude légèrement citronnée
- En fermenté : testez une lacto-fermentation légère pour faire une compote probiotique
Et si vous avez des surplus, n’hésitez pas à en faire don autour de vous. Proposez un atelier compote participatif dans votre AMAP, votre immeuble ou même en milieu scolaire. Réinvestir une recette simple comme celle-ci est un excellent vecteur pour faire avancer concrètement les pratiques alimentaires durables, sans faire la leçon ni multiplier les contraintes.
Parce qu’au bout du compte, c’est souvent dans les bocaux les plus simples que se cachent les gestes les plus riches de sens.
