
Réduire sa consommation de plastique en cuisine
Pourquoi réduire le plastique en cuisine est essentiel (et faisable)
Si vous cuisinez régulièrement, il y a de fortes chances que vous ayez une bonne quantité de plastique dans vos placards : film étirable, barquettes, couvercles, sachets zip, bouteilles, éponges synthétiques… Pourtant, ce matériau pourtant si pratique à l’usage est aussi l’un des plus problématiques pour l’environnement. Surtout en cuisine, où il est souvent jetable et combiné à des déchets organiques qui compliquent le tri.
Alors, est-ce réaliste de réduire (voire d’éliminer) le plastique à la maison, sans transformer votre quotidien en course d’obstacles ? Oui. À condition de procéder méthodiquement, et d’adopter des alternatives durables là où elles sont les plus efficaces. Voici une approche pas à pas issue de plusieurs années de tests dans ma propre cuisine.
Identifier les sources principales de plastique en cuisine
Avant de changer quoi que ce soit, déterminez d’où vient le plastique chez vous. Prenez quelques minutes pour observer vos habitudes pendant une semaine. Notez :
- Les emballages alimentaires ramenés des courses (fruits, légumes, produits transformés)
- Les ustensiles et contenants utilisés au quotidien (boîtes, sacs de congélation, film alimentaire)
- Les produits d’entretien et accessoires de nettoyage (éponges, flacons, gants jetables)
Vous verrez rapidement que 80 % du plastique de votre cuisine vient en réalité de 20 % de vos objets ou gestes quotidiens. C’est ce qu’on appelle la règle du 80/20. Concentrez donc vos efforts sur ces points les plus impactants.
Optimiser ses courses : là où tout commence
Commençons par l’amont : les courses alimentaires. C’est souvent ici que le plastique s’infiltre, sans laisser la moindre chance aux consommateurs distraits.
- Achetez en vrac dès que possible. De plus en plus de magasins (même les grandes surfaces) proposent aujourd’hui des sections vrac pour les céréales, légumineuses, fruits secs, et même les produits ménagers. Munissez-vous de sacs réutilisables en tissu ou de contenants en verre.
- Refusez les légumes sous film plastique. Oui, les concombres emballés durent un peu plus longtemps. Mais à quel prix ? Optez pour des marchés de producteurs ou des AMAP qui privilégient la vente sans emballage.
- Privilégiez les produits en bocaux ou en cartons plutôt qu’en plastiques multicolores. Exemple typique : les compotes en gourdes individuelles versus un gros bocal de compote maison.
Une astuce que j’utilise personnellement : je garde une caisse avec sacs à vrac, contenant en verre et bouteilles consignées directement dans le coffre de ma voiture. Ainsi, je suis toujours prêt, même pour des courses improvisées.
Remplacer les contenants jetables par du durable
Bonne nouvelle : les alternatives aux boîtes, couverts et sachets plastiques ont explosé ces dernières années. Il ne s’agit pas de tout jeter pour racheter du soi-disant “écologique”, mais bien de faire des substitutions intelligentes en fonction de vos usages.
- Boîtes de conservation : Au lieu des barquettes plastiques, optez pour des bocaux en verre. Résistants, hygiéniques, empilables et compatibles four et congélateur. En plus, ils sont souvent gratuits si vous réutilisez ceux des compotes, sauces ou olives.
- Film alimentaire : Le film étirable est l’un des consommables les plus jetés en cuisine. Remplacez-le par des bees wraps (tissus cirés), des couvercles en silicone réutilisables ou, tout simplement, une assiette posée sur un bol.
- Sacs congélation : Les sacs en silicone (type Stasher Bag) remplacent efficacement les sachets plastiques. Ils se lavent facilement et durent plusieurs années.
- Gourdes et bouteilles : Dites adieu aux bouteilles en plastique avec une bonne carafe filtrante ou une gourde inox (Hydroflask, Gaspajoe…).
Si vous débutez, remplacez d’abord ce que vous utilisez le plus. Inutile d’avoir 15 contenants en verre si vous ne stockez que deux plats par semaine.
Repenser le stockage et l’organisation
Réduire le plastique, c’est aussi revoir la manière dont vous stockez, conservez et organisez vos ingrédients. Quelques principes simples font toute la différence :
- Étiquetez vos bocaux et boîtes. Cela évite les doublons (et donc le sur-emballage au supermarché), mais aussi les oublis de fonds de placard périmés.
- Utilisez le système FIFO : First In, First Out. Ça veut dire ranger les nouveaux achats derrière les anciens, pour consommer ce qui est plus ancien en premier.
- Gérez le frigo intelligemment : Utilisez des contenants transparents, repérez les aliments à consommer rapidement, et réservez une “zone à finir d’urgence”. Moins de gaspillage, moins d’emballage jeté.
Astuce testée et validée : une simple ardoise aimantée sur le frigo pour y noter ce qu’il faut consommer en priorité. Efficacité redoutable, surtout dans une famille nombreuse.
Nettoyer sans plastique ? C’est possible (et efficace)
Les éponges synthétiques, flacons plastiques de liquide vaisselle et autres brosses jetables représentent une autre source de déchets significatifs.
- Adoptez l’éponge lavable : Tawashi (faite maison ou achetée chez un artisan local), loofah, brosses en fibres de coco, etc. Elles se rincent mieux, durent plus longtemps, et ne relarguent pas de microplastiques dans l’eau.
- Faites vos produits d’entretien maison : Un mélange simple de savon noir, vinaigre blanc et bicarbonate couvre 90 % des besoins de nettoyage. Stocké dans des flacons en verre ou bouteilles récupérées, c’est zéro plastique et zéro toxique.
Une brosse en bois avec tête interchangeable vous durera des années. Le bois est compostable, et votre évier reste en état impeccable. Pensez également au savon de Marseille solide pour la vaisselle : durable, économique, sans déchet.
Ce que j’ai appris en chemin
Quand j’ai commencé à réduire le plastique dans ma cuisine il y a cinq ans, je pensais devoir tout changer du jour au lendemain. Résultat : découragement et retour partiel aux vieilles habitudes. C’est en adoptant une approche progressive, orientée résultats, que j’ai vraiment avancé.
Voici les trois enseignements les plus utiles que je peux partager :
- Ne visez pas la perfection. Chaque geste compte. Même passer de 100 à 70 % de plastique, c’est déjà une victoire concrète.
- Investissez une fois pour longtemps. Ce qui paraît cher aujourd’hui (une gourde inox, une boîte en verre) est souvent rentabilisé en quelques mois grâce à sa durabilité.
- Incluez votre entourage dans le processus. Les enfants adorent les sacs à vrac ou remplir des bocaux avec des pâtes colorées. Le changement devient ludique plutôt que contraignant.
Au final, réduire sa consommation de plastique en cuisine n’est ni extrême ni marginal. C’est simplement une manière cohérente d’aligner son alimentation avec ses valeurs. Et contrairement à ce que veulent nous faire croire certaines marques, le progrès ne vient pas forcément du “dernier plastique compostable révolutionnaire”, mais plus souvent du bon vieux pot de confiture réutilisé, posé dans votre frigo avec une étiquette faite maison.
Alors, par quoi commencez-vous cette semaine ?